Je me réveil, j'ai mal au ventre. Je te sens bougé mais j'ai mal au ventre. Tel un insecte sur sa carapace, je m'agite dans tout les sens pour essayer de me lever. Le mieux que j'ai trouvé c'est rouler jusqu'au bord du lit et puis me laisser glisser. Me voila debout, mon ventre est lourd Je suis de mauvaise humeur, je suis toujours de mauvaise humeur. J'observe mes jambes, je vois de la cellulite, j'essaie de plus y penser et j'enfile mon peignoir. J'ai faim, j'ai toujours faim. Avant de manger, je dois faire passer 5 grosses pilules dans mon gosier: 2 pour décontracté l’utérus, des vitamines, un complément de fer, mon demi antidepresseur autorisé. J'ose meme pas imaginer mon état si je ne l'avais plus du tout. Sans oublier mon spray pour mes allergies. Si j'oublie tout ça, c'est la catha. Après ça je dois me creuser la tete pour trouver quoi manger. Cereales j'évite, j'ai du mal a les digérer et de toute façon si je bois du lait j'aurai envie de vomir. Pareil si je bois du chocolat chaud, si je bois un yaourt etc Tout produits laitiers le matin je peux oublier, tout comme le jus. Ca sera donc de l'eau. Du pain? La confiture me brule l'estomac, le nutella aussi et si je commence avec du nutella je m’arrête plus. J'essaie d'éviter le sucré parce que je sais qu'au soir je me ruerais dessus. Au final , mon petit déjeuner se résumera a une barre spécial K ou un granny histoire d'avoir un truc dans le ventre. Un autre matin je mangerai des tartines a la confiture et boirais du lait chocolaté parce que j'en ai marre, j'en ferai les frais et me sentirai mal le reste de la journée. J'endurai l’après midi a coup de primperan et de riopan. Une fois manger j'aurai un coup de pompe. A peine levée, déjà envie de me recoucher.
Histoire de rester un minimum dans la vie active, je me force à m'habiller. Trainer en pyjama me déprime, je me sens déjà assez laide et inutile comme ça. Prendre une douche est devenu pour moi un cauchemar , a chaque fois que je me lave j'ai l'impression d'étouffer et une fois sortie de là j'ai des chutes de tension. Souvent je dois me laver a l'eau froide pour éviter qu'il fasse trop chaud. Puis j'arrive pas a m'abaisser pour laver mes jambes, mon copain doit donc me laver. Me demander pas comment je m'epile... Je me sens infirme. M'habiller aussi n'est pas chose facile non plus. Je suis à l'aise que dans des leggings mais les leggings c'est loin d’être le truc le plus classe, il faut pas mettre un truc trop court ou on voit mes grosses cuisses et mes grosses fesses. Le problème c'est que plus mon ventre grossi et moins j'ai de long tshirt. Alors je resors les vieux vêtements du temps ou j'avais pris beaucoup de poids, ça me rappel de mauvais souvenirs. J'ai bien 1 ou 2 ' beaux pantalons ', des pantalons jeans et un beige de grossesse. Je ne me sens pas a l'aise dedans, ça me sert aux mollets, aux cuisses. Le 44 est limite et le 46 trop grand. Au bout c'est pas assez slim pour moi, ça me plait pas. Les vêtements de grossesse me plaise pas puis c'est plus cher pour rien du tout, un peu plus de tissu? Voila je suis habillé mais ce n'est pas ce que j'aurai voulu mettre. Je suis habillé parce qu'il faut bien s'habiller. Je sors de la salle de bain , j’entends souvent mon copain et ma belle mère ' ben tu vois c'est beau ça ' . J'ai envie de pleurer. Non c'est pas beau.
Quand je marche je sens mes cuisses se froter, vous savez ce truc qui vous rappel tout au long de la journée que vous etre gros? Qui vous rappel ce qui se cache en dessus de ce bout de tissu. De la cellulite, des vergetures, de la graisse. Ca me degoute.
Passons au maquillage. C'est ce que j'aime le plus, je vais pouvoir camoufler ce teint irrégulier plein d'imperfections. Imperfection , pour moi une perfectionniste de mon image, je hais ce mot. Je regarde mon visage, je vois des rougeurs, des boutons, de la brillance, ... Sploush deux couches de fond de teint et on camoufle tout ça! Quand je me maquille je m’applique, je suis concentré comme jamais. C'est ma façon à moi de montrer au monde et surtout à moi même que je suis pas si laide que ça.
Le reste de ma journée va consister à me trainer, passer d'un fauteuil au lit.. Du lit au fauteuil. Passer du pc à la télé, de la télé au pc . Le temps ne passe pas. ' Sors , change toi les idées ' vous allez me dire. J'ai bien essayer. Le cinéma? Rester assise 1h30 relève de l’exploit, trop mal au dos . Puis sortir m’épuise énormément. Sortir pour rester inerte, ne pas parler et bailler toutes les 5 mins je vois pas trop le but. Je dois être très ennuyeuse et surtout très chiante. Assise, j'ai mal au dos et debout je suis fatigué. Donc le mieux à faire? Rester au lit. La piscine me complexe terriblement . Faire les magasins? Je sais pas si j'aurai le courage d'essayer les vêtements. Mon ventre m’encombre puis rien ne me va de toute façon, ça me déprime. Bouger quand on a pas de voiture et quand on habite dans un coin paumé ou il n'y a rien a faire n'aide pas. J'aimerais bouger, travailler, m'occuper . Occuper mon esprit du moins mais je n'y arrive pas, je ne serai pas. Il reste 1 mois et 3 semaines, ca me semble interminable. Je ne supporte plus rien , même pas moi même. Le temps ne passe pas, je rumine chaque jour les mêmes pensées et tout ces maux de m'y aide pas. Je m'endors souvent avec l’œsophage et le ventre qui me brule, j'ai des remontées acide ( c'est a dire que je rote du vomis hummmm). Et le ventre lourd, tellement lourd... J’arrête pas de bouger, aucune position n'est confortable.
Je ne pense pas être forte, je pense que je suis faible, une larve. Toutes les femmes du monde sont enceinte et depuis des décennies. Elles y arrivent bien et travaillent même jusqu'au bout parfois, pourquoi moi je n'y arrive pas? Je me sens honteuse de me plaindre et d’être malheureuse mais je suis fatiguée. Je suis a bout, j'ai mal partout. Je savais que ça serait dur mais pas a ce point. Je veux accoucher, je veux mon bébé. Je veux mon bébé, je m'endors en pensant à ça. Je rêve de ça et je suis encore plus déçue quand je me réveil du coup.
Je termine cet article avec un énorme mal de dos a cause de la chaise et avec une envie de vomir. Je vais me coucher et penser a Ethan. Penser que ' demain ' sera meilleur. Qu'il sera parmi nous et ce cauchemar loin derrière moi... En attendant j'ai plus envie de sourire, de faire semblant. Je suis mal et je vis mal ma grossesse.
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